Les Solèls de Trovic
Une odyssée cousue main
loading

Rechercher sur le blog
Les Solèls de Trovic

Jacques Trovic, un choix partial de dates

PAR Francine Auger Rey THÈME Documentation TAGS bio | Exposition | hommage | l'homme Trovic COMMENTAIRES 0
En 2017 lors d'une sortie avec Cécile.
En 2017 lors d'une sortie avec Cécile.

Naissance le 15 juin 1948 à Anzin de Jacques Henri Trovic, fils de Henri Trovic et de Fernande Adèle Martin, dans la maison de courée familiale, 486 rue Jean Jaurès à Anzin.

1957. Jacques attrape la grippe asiatique, il situe sa 1ère crise d'épilepsie à cet âge là, il a alors 9 ans. Il s'en suivra une scolarité chaotique. Il va apprendre à coudre et broder grâce à sa mère et sa soeur. Il dira à un journaliste peut-être avec l'humour qui lui appartenait que sa première tapisserie il l'a faite à 3 ans !!

de 1962 à 1964, Jacques brode la scène espagnole , son oeuvre fondatrice en utilisant la broderie de laine et les appliqués de tissus. Cette oeuvre sera primée très vite à Anzin lors d'un concours d'artistes locaux. A partir de là, Jacques ne cessera d'obtenir prix, diplômes, médailles et récompenses. Une necessité pour Jacques d'afficher cette réussite qu'il ne put jamais espérer à l'école. Des distinctions d'autant plus précieuses qu'elles prirent l'allure de compensations.

de 1964 à 1970 il se forme (une à deux après-midi par semaine) à l'école municipale des Beaux Arts de Saint Amand les Eaux, ville dont est originaire sa mère. Il y apprend la peinture, la mosaïque et la technique du Patchwork. Il pourra y afficher ses qualités de brodeur et couturier.

1969 : 1ère présentation de ses oeuvres au salon des artistes français au Grand Palais où il obtient une médaille de Bronze, puis en 1970 et en 1971une médaille d'argent , et enfin une médaille d'or en 1975. Puis il sera hors concours.

1975, Jacques obtient l'Allocation d'Adulte Handicapé.

1975, le 6 Novembre, mort accidentelle de son père avec qui les relations furent très difficiles.

1976 : 1ère rétrospective au Musée des Beaux arts de Tourcoing. Premier achat d'une de ses oeuvres : « Le Carnaval des Poireaux » (1976. 184X189). Il comprend à l'occasion de cette rétrospective, la necessité de signer et dater ses oeuvres, il prend conscience aussi qu'il doit  « finir » ses tapisseries par une bordure-répertoire comme dans la tradition flamande.

1976 : commence sa très grande amitié avec Henri Lefebvre sculpteur qui se poursuivra assidûment jusqu'au décès de Jacques le 27 octobre 2018. C'est la première personne que Jacques m'a demandé de rencontrer.

1978 en juillet, Michel Thévoz fait entrer 2 oeuvres de Jacques au musée de Lausanne : « Le Carnaval de Nice » (1976 - 77.184 x 287 cm. ) et « le Marchand de Ballons » (1974. 188 x 98 cm.)

1982 : Mokhtar Selim répond à une annonce passée par Jacques Trovic dans l'Escaut Magazine qui cherchait quelqu'un pour l'aider dans son travail de mosaïques. De ce jour, la famille de Mokhtar sera la 2ème famille de Jacques qui l'aura entouré jusqu'à son décès.

1982 : sortie du film de Patrice Gabory : « Un Homme en Art ». Dans la tapisserie: "le vendeur de marrons chaud"(1982), on peut lire: "Cinema Gabory" sur un bâtiment. Une connivence entre le réalisateur du film et lui. Toute l'oeuvre de Jacques Trovic est parsemée de ces messages d'amitié secrets.

1986 le 3 Mars, la maman de Jacques décède. Heureusement la soeur Josiane, son âme-soeur restera près de lui. Et Mokhtar puis plus tard ses enfants resteront toujours très proches.

1988, 1ère exposition qui tournera dans 6 grandes villes au Japon grâce à Jacqueline Govin

1998, un homme se présentant comme galeriste en Suisse, dont le prénom serait Cyril, embarque une dizaine de tapisseries, ne les paye pas, et ne donne plus signe de vie. Jacques est spolié.

  1998 : 1ère exposition au Centre Historique Minier de Lewarde  pour le 4ème salon de la mine. Dès lors, son directeur, André Dubuc deviendra conseiller,  mentor, accompagnateur de Jacques dans toutes ses expositions jusqu'en 2011.

2000 : grandes expositions en France. En voici quelques-unes :

  • 2001 à Nice
  • 2003 à Laval pour la 4ème biennale d'art naïf
  • 2003 à Cholet : « La ronde des métiers de Monsieur Trovic »

2001 : film de Jean Michel Zazzi très important pour appréhender au plus près la vie et l'oeuvre de Jacques Trovic alors qu'il était au mieux de sa forme, de sa créativité et de son humour.

2006 : 1ère Biennale d'Art Plastiques de Denain; Jacques en est l'invité d'honneur. Symbole d'une mutation voulue et assumée cette exposition consacre l'art comme énergie pour un territoire et c'est Jacques qui représente le mieux cette conversion. Il est salué par une ovation de 20' lors du vernissage .

2006 : exposition à Bruxelles à Art et Marges. La Belgique aura été importante dans la vie artistique de Jacques. Déjà à Tournai en 1987, son oeuvre gigantesque "Le Bassin Houiller" sera exposée à la Maison de la Culture.

2009, le 20 Juin : décès de sa soeur ainée Josiane Trovic. Jacques vient de perdre l'appui majeur de son existence. Les effets de cette perte ne se feront pas attendre.

2009 Anzin, sa ville natale lui consacrera une nouvelle exposition. Jacques aurait aimé qu'un bâtiment, une rue, porte son nom de son vivant. Jacques aspirait à une reconnaissance indiscutable de son territoire. Il ne l'aura pas vue.

2011 : Une rétrospective de son oeuvre est organisée par André Dubuc à « la Galerie débridée » à Roost-Warendin.

2011 : Jacques, laissé à lui-même, ne peut plus gérer sa vie. Il ne sait pas faire un chèque, payer ses factures, il mange mal et sa santé est au plus bas. Il ne travaille presque plus.

Un groupe de quelques amis décident de le placer au Centre de la Pommeraie en Belgique où il va pouvoir continuer à créer jusqu'à la fin de sa vie, dans l'atelier d'art de Bruno Gérard qui dorénavant s'occupera de ses expositions et de la vente de ses oeuvres. En même temps, il va partager le collectif des « handicapés » parfois gravement déficients. Jacques s'en accomode bien. Cette nouvelle situation paradoxalement le sauve mais l'éloigne du cocon qui fut le sien. Il en souffrira.

2011 à 2018 : amitié affectueuse et profonde avec Cécile. Il a voulu qu'elle préside à ses funérailles.


A l'église Sainte Barbe d'Anzin, au matin des funérailles, cécile lui rendra hommage

Jacques trovic... je suis convaincue que personne n'a pu le rencontrer sans ressentir une profonde tendresse pour cet animal hors du commun... Tout en surprise, tout en délicatesse, un grand sens des mondanités, il adorait les gens, la fête, les plaisirs.

Son rêve aurait été d'être ambassadeur, de parcourir la terre en éléphant, de rencontrer les rois et les reines de tous les pays, de s'entretenir avec des hommes politiques et des princesses, il aurait sûrement pu changer le monde.
Mais moi je sais qu'il l'a changé, grâce à son regard si singulier et son art tellement intense et intelligent. Un grand homme.
Il adorait plaisanter et reçevoir avec une grande générosité. Très cultivé et doté d'une mémoire impressionnante, il se souvenait de tout. De chacune des destinations de ses 300 oeuvres, du nom de toutes les personnes qui avait rencontrées, de ce qui s'était dit là, des blagues et des situations cocasses... Jacques le joyeux..

Il était curieux de tout, moderne et très ouvert. Il a embrassé l'univers en entier, en interprétant chaque particule de chaque petite pièce de chaque élément de chaque partie de chaque thème de notre société. Il a tout réinventé, en raccommodant les détails du monde, sans exception, comme pour faire la paix. Les métiers, les bâtiments, les villes, les pays, les animaux, les traditions, les régions, les ambiances, les folklores, les célébrations, la fête, surtout la fête... Des couleurs et des hommes. Grand humaniste, il était très sensible aux injustices, qu'il a forcément bien connues tout au long de sa vie. De grandes déceptions liées à la perte de sa soeur, sa maladie, la convoitise, la misère, la trahison, l'isolement, l'incompréhension.

Pourtant, une grande force vitale l'a maintenue auprès de nous, ses amis, ses admirateurs et je demande à tous les fils de laine qui sont passés entre ses doigts si délicats, à tous les tissus qu'il a assemblés, à toutes les pièces de mosaïques qu'il a collées, à tous les traits de pinceaux de continuer à vibrer pour nous émerveiller et nous donner d'autres réponses face au réel si difficile à appréhender parfois.

Sa naïveté et sa vision poétique des choses est une révolution douce pour l'éternité.
Jacques, tu seras toujours avec nous et partout où nous le pourrons, nous te célèbrerons

0 Commentaire

Réagissez, postez un commentaire

* Champs obligatoires. Votre commentaire est publié après confirmation via un lien envoyé à l'adresse email que vous avez renseigné et validation par l'éditeur du site. Merci de le rédiger dans le respect des personnes et des bons usages.

Rédigez votre commentaire sur cet article

Random image CAPTCHA

A propos du film ❝Les Solèls de Trovic❞

Ce documentaire raconte l'histoire d'un homme né en 1948 dans une ville du Nord : Anzin, cité de la fin des mines et de la sidérurgie moribonde.

Dès l'adolescence, sur la table de la cuisine obscure de sa maison de courée, il fait jaillir, malgré ses handicaps et son milieu rude et modeste, une oeuvre lumineuse et colorée.

En savoir Plus

Soutenir le projet