Les Solèls de Trovic
Une odyssée cousue main
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Les Solèls de Trovic

La première oeuvre

PAR Francine Auger Rey THÈME Réflexion TAGS bio | oeuvre COMMENTAIRES 0
La Scène Espagnole, 260X200 première tapisserie de Jacques Trovic; 1964.
La Scène Espagnole, 260X200 première tapisserie de Jacques Trovic; 1964.

En 1964, Jacques a 16 ans. Il vient de terminer « la Scène espagnole » l’acte fondateur qui l’inscrira définitivement dans son destin d’artiste. De cette oeuvre, il ne se séparera jamais. On la retrouvera près de son cercueil quelques 56 ans plus tard où son ami de 36 ans, Mokhtar la plaça.

Bien que cette représentation de l’Espagne est issue de l’imaginaire populaire qui fut celui de jacques, et restera le fondement de son oeuvre, quelqu’un d’avisé dans son entourage avait dû déjà percevoir ce décalage subtil qui extirpait une scène brodée et assemblée par Jacques de toute reproduction servile d’un sujet. Preuve en est que cette oeuvre fut remarquée et primée. Déjà !

Dans cette oeuvre Jacques assume complètement l’apprentissage des techniques de broderie que sa mère et sa soeur , dès son plus jeune âge lui ont transmises, mais en même temps, il se libère du motif pré-dessiné sur des napperons ou des canevas que l’on achetait à la mercerie du quartier . On retrouve bien sûr dans cette tapisserie la broderie de laine si longue à réaliser (deux ans de travail pour cette « Scène espagnole ») et qui couvre presque entièrement la surface de l’oeuvre, on y trouve aussi la bordure de fleurs chatoyantes qui rappelle les festons qui terminaient les napperons, mais aussi certaines broderies des pays de l’Est. Mais en plus de ces techniques courantes dans ce genre de « travaux de dame », Jacques incruste des motifs de tissus cousus qui le font passer de la reproduction à l’invention de sa propre technique. Et puis on y voit déjà cet extraordinaire goût pour la création des vêtements qu’il réalisera en miniature dans toutes ses oeuvres. Jacques sans aucun doute aurait pu être un grand couturier.

Par cette scène espagnole, Jacques s’émancipe psychiquement de la dépendance infantile, du cocon familial en décidant des formats, motifs, techniques, couleurs qu’il va utiliser dans son oeuvre. Désormais, à la maison il devient chef d’un atelier de création. Et celles qui furent ses initiatrices dans l’art de la broderie, sa mère et sa soeur Josiane, vont devenir ses précieuses collaboratrices. Ainsi au 486 rue Jean Jaures à Anzin, une oeuvre luxuriante va naître.

L’acte est décisif : Jacques est un artiste et dans la nomenclature des métiers, il va se définir comme artiste décorateur. Et son oeuvre relève bien des arts décoratifs : en 1975 au salon des artistes français au Grand Palais à Paris c‘est dans cette catégorie qu’il reçoit une médaille d’or qui va lui ouvrir des lieux d’exposition à New York, dans toute l’europe et les pays de l’Est.

"La scène espagnole" sera primée. C’est aussi sans doute ce qui a orienté Jacques trovic vers une inscription à l’école municipale des Beaux Arts de Saint Amand les Eaux en 1964 où il ira régulièrement jusqu’en 1970.

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A propos du film ❝Les Solèls de Trovic❞

Ce documentaire raconte l'histoire d'un homme né en 1948 dans une ville du Nord : Anzin, cité de la fin des mines et de la sidérurgie moribonde.

Dès l'adolescence, sur la table de la cuisine obscure de sa maison de courée, il fait jaillir, malgré ses handicaps et son milieu rude et modeste, une oeuvre lumineuse et colorée.

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